Notre Histoire

Fin des années 60 du siècle dernier, les Américains sont rentrés chez eux remerciés par le grand Charles.
Leurs C130 Hercule et autres C119 Fairchild avaient remplacé les avions Allemands du groupe de chasse Richthofen sur les pistes de l’actuelle Base Aérienne 105 d’Evreux. Bientôt ce sera le grondement des bi-moteurs Noratlas 2501 qui emplira le ciel Ebroïcien.
Le départ des Boys a mis un sérieux coup d’arrêt à la ville, on verra bien quelques temps encore de grosses Américaines (des voitures !!) et sans doute une ou deux HARLEY circuler dans la campagne Normande, mais c’est en RENAULT, CITROEN, PEUGEOT ou SIMCA que roule la France. Après -guerre MOTOBECANE, TERROT et quantité de petits constructeurs Français ont fourni à toute la classe laborieuse, des deux roues relativement bon marché qui permettront à nos anciens de se déplacer et profiter des premiers congés payés. Il n’était pas rare de croiser un couple avec leur bambin entre ses parents sur une moto.
Les Américains ont créé le Rock’n’roll au début des années 50 et en 1975 du Vietnam aussi vont rentrer chez eux. Les Anglais eux reconvertissent leurs usines d’armements en unités de production d’où sortiront de légendaires motos : BSA, ROYAL-ENFIELD et aussi les prestigieuses NORTON –TRIUMPH etc…qui régulièrement en compétition taillent des croupières aux machines Américaines de Milwaukee.
Mais la jeunesse Française s’ennuie, 68 arrive, cheveux longs, beaucoup d’idées ! pas-encore de casque, quelques blousons noirs commencent à se regrouper et la moto devient pour beaucoup un moyen de s’émanciper, mieux : une philosophie, un mode de vie.
L’arrivée sur le marché des machines du soleil levant va incontestablement booster cette génération et à Evreux quelques-uns se retrouvent régulièrement au Central-Bar rue Chartraine, chez Pépère et Mémère à Gravigny ou chez les Boucs en vallée d’Iton, pour d’autres c’est à la célèbre Taverne des Cigognes au centre du quartier de la Madeleine. Le permis se passe on ne peut plus simplement : on se rend avec sa moto ou celle d’un copain à l’examen (oui oui sans permis ni même de casque) 2/3 questions sur le code, un ou deux demi-tours sans oublier de tendre le bras pour indiquer les changements de direction et à 16 ans tu pouvais rouler avec n’importe quelle moto ou side-car, et pas encore de limitations de vitesse mais cela ne va pas tarder.
C’est ainsi que désormais dans les séventies le bruit sourd des gromonos Anglais, des Bonneville et autres Commando mais aussi des machines Japonaises: quatre pattes HONDA ou le miaulement du moteur à courant d’air des H2-KAWASAKI va exaspérer les autochtones (couper les gaz d’un BSA-DBD34 en mettant la magnéto sur plein retard provoque une explosion dans le mégaton à réveiller toutes les mamies des environs).
A cette époque les Képis étaient presque sympa avec les motards et c’est d’ailleurs avec le concours d’un gendarme le ‘’père’’ Guy Rampant (pas le dernier à faire le con avec sa BMW de la brigade de Conches mais là y’a prescription) que naît l’idée de créer un Moto-Club à Evreux.
Nous sommes fin 71 début 72 et les premières réunions à l’Amicale Laïque de la Madeleine ( ALM ) regroupaient 30 à 50 motos tous les vendredis soirs. C’était vraiment comme le décrit Bar2 dans le premier Jo Bar-Team, bastons et mauvaise foi, barbour -cromwell et rock’n’roll. Après la réunion, on partait à Paname, place de la Bastille où se tenait une bourse aux pièces motos ou boire un jus au bord de la mer… pour rien, juste pour rouler et se tirer la bourre !!! C’était aussi la grande époque des concentres, certains iront aux Eléphants, aux Milles Vaches ou voir les Grands Prix, le Bol d’Or… Forcément de temps à autres passage à l’hosto pour voir un pote … et quelques drames.
Un club de natation à Rouen s’appelait déjà ‘’les Vikings‘’ alors nous avons choisi ‘’ Les LEOPARDS ‘’ de la bannière Normande et en 73 ou 74 le petit félin de la ‘’BD’’ la Jungle en Folie deviendra l’insigne de ce club pirate (avec l’accord de son créateur Mic Delinx rencontré sur un salon du livre).
L’histoire est lancée, en 73 première course des 8h00 de solex sur le parking du magasin Mammouth (aujourd’hui Carrefour) 3 éditions sur un circuit très sinueux et technique tracé avec des bottes de paille - En 75 deux membres du club : Jean Pierre Ducellier et Steph Legay participent à la coupe Kawa et au critérium 500 mais sous licence du club voisin de Thomer-la-Sôgne - 1976 les Léopards s’affilient à la Fédération Française de Motocyclisme (Jack Findlay pilote Australien au casque bleu et kangourou blanc vice-champion du Monde 500- champion d’Europe 750 héros du film ‘’Continental Circus’’ accepte lors du grand prix de Rouen les Essarts en 1975 d’en être le parrain) De nombreux autres pilotes porteront haut les couleurs du club comme Bernard Couvrat en course de côte , Alain Catros en enduro ou encore Marie-Jo Janvier en tourisme mais déjà on est en pleine période moto-verte.
Dans une de ses très rares périodes de lucidité, Christian (68 printemps…et autant d’hivers !!!) Président des Léopards à cette époque nous raconte :
‘’ Le club comptait quelques 35 licenciés dès sa première année d’adhésion à la Fédération Française de Motocyclisme en vitesse-trial-enduro et tourisme. L’histoire avait commencé avant l’affiliation à la FFM avec l’organisation de quelques trials non officiels va vraiment prendre son envol avec le 1er trial régional inscrit au calendrier du championnat de la Ligue de Normandie dès 1976.
Le club n’était pas pris au dépourvu puisque riche de ses premières expériences, il n’y avait qu’à se fondre dans les obligations Fédérales. L’équipe était rodée et ce fut une réussite. D’autres suivirent avec suffisamment de succès pour tenter l’aventure avec le Championnat National. Nous avons eu le privilège à plusieurs reprises de recevoir le gratin du trial Français de l’époque. Il y eu aussi Hubert Auriol et Cyril Neveu qui vinrent courir leurs derniers trials avant de rejoindre le rallye raid et le mythique Paris- Dakar.
Ces épreuves ont toujours eu la faveur et la ferveur du public, moyen de communication pour développer la moto verte. Ce fut un des facteurs qui ont permis de faire grossir les rangs des pratiquants et bénévoles aux Léopards.
Le club se fera formateur également avec la mise en place de séances d’entrainement adaptées à nos jeunes trialistes.
Le jumelage avec la ville Anglaise de Rugby permettra des voyages trialistiques. Nos pilotes trouveront là l’occasion de se confronter aux ‘’English’’ sur les terres ou naquit le trial, au Pays de Galles en particulier. Les résultats furent à chaque fois au rendez-vous. Là-bas… on se souvient des Frenchies.
Nous ne serons pas en reste puisque nous recevrons à plusieurs reprises une dizaine de trialistes Anglais lors de ces jumelages. L’occasion de leur faire connaitre nos épreuves : Saint Georges du Rosay, Bellême, Vibraye avec des soirées très animées et arrosées de bons pinards Français. Notre façon à nous de nous venger des pintes de bière ingurgitées de force la veille des épreuves en Angleterre, afin évidemment, d’handicaper nos pilotes lors des compétitions du lendemain. Une petite guerre contre les Anglais pour une fois bien sympathique.
En 1979, la ville d’Evreux par sa décision de se porter candidate comme ville de départ du Tour de France Motocycliste, apporte la consécration au club. Pour assumer l’évènement, le moto-club de Thomer se joindra à nous. Ce fut l’occasion d’organiser un trial artificiel de grande envergure, très en avance sur son temps car très rare à l’époque et ainsi de démontrer aux Ebroïciens que les Léopards pouvaient assumer d’importantes manifestations et responsabilités.
Nos jeunes après avoir progressivement gravis les catégories furent sélectionnés à plusieurs reprises dans l’équipe Normande du championnat Inter-Ligue de trial.
Serge Duval (frère de Guy, l’un des tout premiers membres du club) Dominique Rollet et Roger Besombes (qui se frottera aux 6 jours d’Ecosse ‘’les six days’’) 3 pilotes sur 6 que comptait l’équipe en 1979 ont réussi à hisser la Normandie au 7ème rang. Ce qui comparé aux Ligues de Provence, Dauphiné Savoie, Pyrénées, Auvergne ou encore Languedoc Roussillon avec leurs terrains d’entrainement fournis en roches de tout genre sera considéré comme un exploit.’’
Papyroll (le vénérable) …du fond de sa mémoire !
‘’Le club traversera toutefois des périodes difficiles et les années 80 verront le nombre d’adhérents diminuer (internet, mais aussi changement des mentalités, la moto devenant un objet de loisirs avec de nouveaux adeptes plutôt frimeurs) il survivra grâce à quelques bonnes volontés et toujours s’acquittera des frais d’affiliation pourtant de plus en plus élevés à la FFM.
1993 premier trial à l’ancienne organisé dans la forêt d’Evreux (il y aura 10 éditions). Michel Antony 4ème de sa classe au Paris-Dakar. 1994 1ère journée de la moto avec 2800 entrées payantes (superbe aventure qui durera 9 années avec la présentation de très belles et parfois fort rares motos anciennes-nous passerons largement les 5000 entrées).
Les affiches de ces journées, pensées et réalisées par Didier Roubinoff, photographies de Thierry Bouffiès représentaient un moment moto, les copains posaient (celle avec notre pote Jef Macadré et aujourd’hui introuvable) les remerciements toujours improbables ont fait de ces affiches autant de collectors.
Des moments forts – des constructeurs : la collection des motos de course ELF. Patrick Godet et les VINCENT à cadre EGLI. Les copains du Triton Club de France qui béquillaient leurs machines et passaient la journée au bar !!! aussi des collectionneurs qui venaient avec leurs merveilles. Une organisation sans faille, des repas d’anthologie qui réunissaient exposants, collectionneurs, invités, bénévoles et membres du moto-club.
Les balades, toute la vie du club est ponctuée de balades, grandes ou petites. Celles que nous organisait K100 notamment, des virées de plusieurs jours vers les Vosges, la Bretagne, Gérardmer, le passage du Gois, le Nord, puis d’autres ont pris le relai, la Loire, Brighton, London, Stonehenge, Villedieu les Poêles, Dieppe, la Suisse Normande, le Perche...
Les rallyes touristiques, leur succès mitigés, mais une ambiance formidable avec des épreuves plus branquignoles les unes que les autres, des copains qui se perdaient…
La participation à la fête de la moto de la Barre en Ouche et l’invention des Olympiades de la moto qui comportaient quelques risques réels, quelques jeux farfelus..’’
Plusieurs Présidents auront marqué la vie du club : Pour d’obscures raisons… c’est Alain Petit (notre chibani, aujourd’hui vraiment très très agé) qui en prendra bien vite les commandes, suivront : Patrick Plé, Gérard Martin, Christian Cordier, Didier Dumaine, René Thill, Manu Dubos, ‘’Raspout’’ Serge Vollard ( les salons motos anciennes c’est lui principalement) , ‘’K100’’ Pascal Girard très longtemps avec tout le sérieux qu’on lui connait, ‘’Papyroll‘’ Roland Perroux appelé aux plus hautes fonctions de l’ALM début 2015 a cédé la place à Didier Pasco à qui je laisse le soin avec de narrer les années 2000, la suite de notre histoire.


Moi Président.
Et puis, est arrivé le XXIe siècle. Le moto-club s’est offert en vitrine un site Internet qui marche plutôt bien avec un webmaster qui marche pas mal non plus… En même temps que la technologie des motos, l’esprit des Léopards a changé, mûri, s’est posé, les padawan sont devenus chevaliers, bref nous avons vieilli… Nos moteurs sont passés à l’ère du tout électronique, en revanche, nos cerveaux… moins. Nous avons vieilli et nos regards se sont posés autour de nous et sur nos contemporains (sans bien sûr lâcher nos contemporaines)…
Petit à petit le moto-club s’est engagé sur des actions de cœur : le Téléthon aux petits matins qui voyait givrer nos pare-brise pour ceux qui en avait, les Papillons Blancs et les enfants que nous baladions, idem pour le Secours Populaire… Plus récemment il y eu l’organisation EMDUJ (enfant motard d’un jour) où quelques-uns d’entre nous ont emmené des gamins à qui la vie n’a pas fait de cadeau pour une promenade d’une journée. Leur sourire au soir de cette balade, valût à ce moment, tout l’or du monde… (et je ne parle pas de la mine rassurée des parents à qui nous rendions la marmaille en bon état !!)…
Au titre des bons souvenirs, nous nous sommes acoquinés pendant plus d’une décennie avec l’équipe de la municipalité de la Barre en Ouche pour organiser la journée de la moto. Une belle folie ! Dommage des municipales sont venues casser le rêve… Et avec le nouvel âge, ça s’est un peu compliqué pour la moto… L’organisation des compétitions de trial n’est malheureusement plus à notre mesure, pas plus que les journées de la moto et adieu aux courses de Solex. Les subventions se réduisent comme peaux de chagrin, contrebalancées par les prix prohibitifs imposés par les assurances et les normes de sécurité irrationnelles obligées par la loi…
N’évoquons pas le coût annuel de notre ré-affiliation FFM qui pourri notre budget et qui fait monter la tension de l’actuel Président. (Quoi, oui je l’ai dit !!) Mais que ne ferions-nous pas pour conserver notre chère équipe de trialistes.
Toutefois, ceci nous a permis de nous faire remarquer et, avec le partenariat de la FFMC27, d’avoir un début d’écoute de notre Préfecture. Heureusement il nous reste notre local et nos bimensuelles RPNM (pour Rencontres Philosophiques mais Néanmoins Motardes) souvent autour de la table, nos sorties dominicales pour ceux qui bossent encore et à l’arrache pour les pensionnés. Il y a aussi cette ‘‘ Balade de Printemps’’ que tout le monde de la moto ébroïcienne nous envie. Et puis il y a toujours ces 35 / 40 encartés, toujours aussi passionnés, toujours aussi rigolards, toujours aussi râleurs, bref toujours aussi Léopards et Léopardes… Mais surtout ne leur dites pas que c’est ma plus grande fierté que d’en être ‘‘El Présidente’’.